La Mante vient de sortir son premier album « Musique pour les oreilles » le 12 mai 2023 ; High Drifter sortira son deuxième EP cet automne. Rencontre et interview croisée avec Etienne Froidure (leader et chanteur de La Mante) et Alban Hajduk (leader et chanteur de High Drifter, guitariste de La Mante) qui nous parlent de ces deux projets et des différents groupes auxquels ils collaborent, ainsi que de leurs dates à venir.
Pouvez-vous nous faire une présentation des deux projets ?
Etienne Froidure : J’ai commencé par enregistrer des morceaux qui sont sortis en 2021. Il n’y avait pas encore de groupe derrière, parce qu’il n’y avait pas de live à l’époque. On était à la sortie du Covid. J’ai commencé à motiver des personnes pour une première formule live à quatre. Il y avait Gautier Caignaert, qui est encore à la batterie actuellement. A la basse, on avait Gildas Lemardelé et la guitare, Arthur Chen. Gildas et Arthur ont arrêté par manque de temps et de disponibilité. Arthur était à Paris et il est même parti au Québec. Son départ à Montréal était compliqué pour suivre La Mante. Par la suite, Alban Hajduk et Mikaël Roth ont rejoint le projet.
Alban Hajduk : Je suis arrivé après Mikaël il y a à peu près un an. J’ai commencé les premières répètes en septembre 2022.
Etienne : Oui c’est ça. Mikaël est arrivé à peu près six mois avant Alban.
A la base, La Mante était un projet solo ?
Etienne : Je dirais qu’au niveau créatif, c’est toujours un projet solo dans le sens où j’ai envie de faire avancer le projet comme je l’entends. Si un jour, j’ai envie de ne jouer que les morceaux à la guitare, je veux avoir cette liberté de pouvoir les jouer en solo. Evidemment, ce sont des morceaux qui sont arrangés et on a besoin de les jouer en live.
Tu es seul à composer ?
Etienne : Oui, je compose tout. J’enregistre les morceaux avec Guilherm Frénod, ex-rennais et désormais parisien. C’est un ami avec qui je bosse depuis les premiers morceaux. Il apporte parfois son truc sur les arrangements. Gautier a également pas mal arrangé les batteries, parce que je ne suis pas batteur. Sur le live, Alban apporte son propre son à la guitare, c’est pareil pour Mikaël à la basse. C’est quelque chose qui n’est pas figé et qui n’est pas exactement comme sur l’album.
Alban : Je pense qu’on essaie tous de respecter les volontés d’Etienne, en tout cas ce qu’il a en tête. Forcément, je ne jouerai jamais comme Etienne joue, il a son jeu et j’ai le mien.
On reconnait le jeu d’Alban en live et c’est vrai qu’un set live est différent de l’album.
Etienne : Le live appelle à faire sonner l’album différemment parce que l’enregistrement est très doux.
Alban, tu es également leader de High Drifter, peux-tu nous présenter ce projet ?
Alban : High Drifter existe depuis 2021 avec la sortie d’un premier EP, « Life For The People Flowers Again » pendant le deuxième confinement. C’est un peu pareil que le projet d’Etienne, dans le sens où au début j’étais tout seul : un 4 titres avec guitare, harmonica, voix et un tout petit peu de batterie. J’ai enregistré l’EP dans la colocation de La Fée Fouinée et mixé avec Louis Lalevée. L’EP est sorti sur notre label Sylvebarbe Records. Après la sortie de l’EP, j’ai continué à composer d’autres morceaux et parce que j’avais besoin de didgeridoo, j’ai travaillé un morceau avec Luc Aires qui a aussi un projet qui s’appelle Ora Bora. Je cherchais aussi un batteur, j’ai essayé avec plusieurs personnes et finalement j’ai demandé à Pierre Mars qui joue dans Et On Tuera Tous Les Affreux et Mercury Tales de m’accompagner. Il vient du punk hardcore et c’était un vrai défi pour lui de faire des batteries à 60 bpm (rires). Ça a bien marché comme ça, et maintenant Luc joue un peu de didgeridoo et de la basse également, et Pierre de la batterie.
La Mante et High Drifter ont la particularité de pouvoir jouer sous plusieurs formules et peuvent varier selon le nombre de musiciens.
Alban : J’ai fait un seul concert tout seul, le tout premier. Au El Camino, on était deux avec Pierre. Il m’avait rejoint avec un set percussions plutôt que grosse batterie. Luc joue avec nous depuis novembre dernier. On a fait notre premier concert au Portobello avec lui. Il y a déjà eu trois formules, et c’est prévu qu’il y ait encore une personne en plus.
Etienne : Pour La Mante, il y a deux formules, celle à quatre et il y a une formule à deux avec Alban.
Alban : Honnêtement, on ne l’a pas encore trop exploitée.
Etienne : On a joué une seule fois comme ça Au Chef Raide. Il y a pas mal de morceaux qui peuvent se prêter à une formule acoustique avec deux guitares. On en a discuté entre nous et on préfère jouer à quatre, mais occasionnellement et en fonction des lieux, une formule à deux peut bien s’y prêter avec un set un peu plus court.
Le fait que vous ayez chacun plusieurs projets, est-ce que ce n’est pas trop difficile parfois de vous rencontrer pour jouer ou répéter ensemble ? Comment vous priorisez ces différents projets ?
Etienne : C’est marrant que tu utilises ce terme de rencontrer, parce qu’Alban et moi, on s’est rencontrés grâce aux projets qu’on avait chacun de notre côté, Beach Youth et Hada, qui étaient programmés sur un festival Les Têtes Penchées. On s’était déjà croisés avant, mais sans vraiment parler.
Alban : Je me souviens d’avoir rencontré Etienne quand avec Hada, on est venu voir Beach Youth au BBC qui faisait une sortie de résidence.
Etienne : C’était une ou deux semaines avant la première édition du Festival Les Têtes Penchées en septembre 2021 où Beach Youth et Hada jouaient.
Alban : Pour ce qui est de l’organisation, on s’y prend beaucoup à l’avance.
Etienne, tu as donc deux projets de ton côté (Beach Youth et La Mante), et Alban trois projets (Hada, La Mante et High Drifter).
Etienne : Mikaël en a quatre ou cinq… Il a F O S S E, Makeshift, La Mante, il accompagne également Adrien Legrand et Portier Dean même s’ils sont moins actifs en ce moment.
Alban : C’est Mikaël qui bat les records du nombre de groupes.
Etienne : Et en plus, il fait du catering (rires). Je trouve qu’on s’en sort bien, on arrive à s’organiser.
Alban : On a pas mal répété au début quand j’ai rejoint La Mante. Actuellement, on fait deux jours de répètes de manière intense, des mini résidences chez nous. On essaie aussi de compacter les dates qu’on fait pour que cela ne soit pas une date à perte.
Etienne : Il y a un truc qui participe à mettre en valeur un groupe en live, c’est qu’en ayant des groupes à côté, on ne s’arrête pas de jouer tout au long de l’année. Quand on ne joue pas avec La Mante on a d’autres concerts et on pratique nos instruments.
Alban : Je compose mes parties avec Hada et High Drifter, mais avec La Mante, je me suis plutôt retrouvé interprète et c’est bien d’apprendre les parties d’un autre guitariste. On a un autre jeu et ça m’a vraiment enrichi pour le reste.
Etienne : En espérant que ça t’enrichisse en pognon (rires).
Alban : C’est pour ça que j’ai signé (rires).
« Musique pour les oreilles », le premier album de La Mante vient de sortir le 12 mai. Le premier single, « Charmeur de serpent » est sorti en mai 2021. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour sortir l’album ?
Etienne : Deux ans, c’est le temps qu’on a mis à l’enregistrer. Il n’a pas été enregistré en une seule fois. On a enregistré des morceaux au compte-goutte dans le home studio de Guilherm Frénod à Rennes. On a commencé par trois morceaux, puis il y en a deux qui se sont rajoutés. Dès que j’avais de nouveaux morceaux, on commençait à les enregistrer et à la fin ça a fait un album. C’est vrai que le processus d’enregistrement était décousu par rapport à ce qu’on peut entendre d’un enregistrement d’album. Si c’était à refaire, je ne chercherais pas à le refaire différemment. L’album est sorti en numérique pour le moment et on va sortir 100 vinyles avec une édition WeWant2Wigoler, une édition Sylvebarbe Records. C’est au pressage pour le moment et ce sera prêt fin mai ou début juin. Pour le moment, il n’y a pas de sortie CD de prévue.
Il y a une cohésion dans l’album, malgré cet enregistrement dans la durée ?
Etienne : Oui, dans le propos. Et de manière générale, on a utilisé les mêmes sons.
Tous les morceaux sont en français dans l’album.
Etienne : Ça m’intéresse d’écrire en français, je m’amuse plus à faire ça. Je ne peux pas dire que par la suite les textes seront uniquement en français.
Certains artistes disent que pour eux, c’est plus difficile d’écrire des textes en français. Est-ce ton cas également ?
Etienne : C’est peut-être plus compliqué de se persuader que c’est bien.
Alban : Etant donné que l’anglais n’est pas notre langue maternelle, cela nous parait plus cool. Mais quand tu traduis les paroles en français, parfois, ce n’est pas terrible… Je trouve qu’Etienne écrit vraiment bien en français, et j’aime bien ce côté très surréaliste.
Etienne : Je trouve qu’en chantant en français, c’est comme ça qu’on se décoince. Au début, c’était plus difficile que maintenant. A partir du moment où tu assumes dans ta manière de chanter, ça va bien passer. Cette semaine, j’écoutais Les Clopes, les paroles sont volontairement un peu débiles, mais ça a trop de sens. Ce n’est pas ridicule ou quoi que ce soit, parce que c’est assumé. C’est peut-être plus évident de trouver sa singularité en chantant dans sa langue. En tout cas, ça l’est pour moi, je trouve ça plus évident.
Deux clips sont sortis « Que Diable », et tout récemment « Julie ».
Etienne : Oui, « Julie » n’est pas en lien privé sur Youtube, et du coup il est public… je l’ai chargé sur la chaîne, mais sans le mettre en lien privé… mais c’est pas grave (rires).
Il devait sortir quand normalement ?
Etienne : Dans ces eaux-là normalement, mais… je n’ai pas de date précise, mais peut-être dans la semaine.
« Que Diable », qui est lui officiellement sorti est un clip dans lequel on voit pour personnage Félix, bassiste de Beach Youth. Peux-tu nous en parler ?
Etienne : Je trouvais que Félix, avec ses rouflaquettes, incarnait bien le diable. Quand j’ai eu l’idée de mettre en scène un diable, j’ai tout de suite pensé à lui. Félix a un charisme naturel, il a une tête qui passe à l’écran. Ça a très bien été capté par Clément Bailleul qui m’accompagne sur la vidéo et sur le projet, il a vraiment l’œil qu’il faut.
Pour en revenir à High Drifter, il n’y a pas de clip pour le moment. Il y a cependant une live session.
Alban : Il y a une petite live session qui a été tournée il y a un an et qui a été faite dans une cabane que j’ai construite il y a huit ou neuf ans. Toute mon adolescence, j’ai kiffé les cabanes avec mes potes. Et je trouvais que c’était cool de représenter ça avec le projet. Il y a une autre live session qui est prévue et qu’il faudrait qu’on tourne, mais en groupe cette fois-ci. Sur cette première live session, il y a un morceau du premier EP et un morceau qui sera sur le second EP.
Le second EP de High Drifter devait sortir au printemps. Sa sortie a été décalée ?
Alban : Ça traine un peu et il va plutôt sortir pour la rentrée de septembre. Je parle de stratégie marketing là (rires)… ça a trainé, parce que j’ai pris vraiment le temps d’enregistrer. Ça va faire plus d’un an que les morceaux sont enregistrés. Il fallait prendre le temps de mixer, revenir dessus, etc. En ce qui concerne les clips, j’ai l’intention d’en faire un, mais ce serait un montage de vieux films. J’ai juste quelques idées en tête, mais ce n’est pas encore défini. Le second EP sera un EP 5 titres, mais assez long, d’une petite demi-heure.
Des dates sont prévues pour le moment ?
Etienne : Avec La Mante, on joue le 17 juin à Bellengreville avec l’Aerolive du TFT, le 21 juin à Evreux toujours avec Aerolive. On joue également le 22 juin au Bazarnaom à Caen et ce sera une sorte de release. Le 24 juin à Cherbourg au Ballon Rouge, le 21 juillet à Hermanville avec Aerolive. Le 19 août, on joue dans le Morbihan à Riantec pour le Varma Festival. Une date en duo le 22 août à La Ferme des Epis à Ouffières. Le 2 septembre à Rocquencourt pour Aerolive et le 26 septembre à Paris au Supersonic.
Alban : On a fait une petite dizaine de concerts en mars-avril avec High Drifter. On fait une petite pause cet été même si on a trois ou quatre dates qui arrivent fin juillet début août (en Suisse Normande, en Bretagne et dans la Manche). On va surtout chercher pour l’automne. On cherche à faire une petite tournée avec un groupe de Tours qui s’appelle Johnny Revolver avec qui on a joué au Balkanic à Tours le 15 avril dernier. Ce sera pour fin octobre, début novembre, en tout cas c’est ce qui est prévu pour le moment. On va travailler une formule à quatre d’ici-là. Ce sera un peu plus vénère parce que le nouvel EP est plus électrique et moins folk que le premier. Il n’y a pas d’harmonica sur ce nouvel EP.
Etienne, comment vois-tu le projet High Drifter ?
Etienne : J’avais vu le projet à l’Eglise Saint-Sauveur pour Echo Chamber et avant ça au El Camino. A l’Eglise, il y avait Milena de Horzines Stara au violoncelle. Elle est intervenue à la fin et c’était vraiment beau. Je n’ai pas eu l’occasion de voir la formule à trois.
Alban : La formule à trois ne va durer que jusque cet été avec les trois ou quatre concerts qu’on a, et ensuite, l’idée est qu’on passe à quatre avec un autre guitariste. Je pense que je referai appel à Milena pour ce qui sera un album avec une dizaine de titres. C’était vraiment cool de bosser avec elle. Quand on a joué à l’Eglise Saint-Sauveur, je me suis dit que ce serait bien qu’il y ait un instrument qui aille vraiment bien avec l’acoustique du lieu. Ces deux morceaux à la fin du set avec elle étaient vraiment cool.
Etienne : J’ai été séduit par la version minimaliste, et j’ai hâte de voir la version à quatre.
Alban : Je pense qu’à l’avenir ce sera à quatre pour les gros concerts et peut-être reprendre la version en duo avec percussions, guitare acoustique et harmonica pour les lieux qui s’y prêtent. Cette version-là était bien dans les lieux intimistes.
La Mante
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