En ce début 2022 et pour ce premier Focus Music-Box de l’année, interview et discussion avec deux groupes qui viennent respectivement de sortir un album et un EP fin 2021 : « Life is dead » de Cannibale sorti le 12 novembre 2021 et « Maschere » de Makeshift sorti le 19 décembre 2021.
Rencontre le 20 décembre 2021 avec Nicolas Camus et Manu Laisné (Cannibale) et Vincent Condominas et Michaël Roth (Makeshift) qui reviennent sur ces deux sorties mais également sur les difficultés liées à la crise du Covid.
L’album de Cannibale est sorti le 12 novembre, déjà album Ferarock du mois et Cannibale est artiste européen sur Euradio cette semaine. Ça démarre bien pour ce nouvel album, est-ce que cela avait également été le cas avec les précédents ?
Nicolas (Cannibale) : L’album est sorti le 12 novembre et c’est vrai qu’il y a une belle visibilité. Born Bad Records a fait un bon boulot de promo avec France Inter, avec Nova. C’est vrai qu’il y a aussi tout le réseau Ferarock. On n’a jamais été autant playlistés. Pour le premier album, comme on était un peu les nouveaux de l’écurie Born Bad, on est passés du groupe totalement inconnu au groupe pouvant bénéficier de la visibilité du label. Pour nous, ça a été le jour et la nuit.
Et donc artiste européen de la semaine pour Euradio ?
Nicolas (Cannibale) : Oui, il y a eu un article pour Euradio. A ce que j’ai compris, ça regroupe des radios partout en Europe dont pas mal en France… donc « artiste européen de la semaine », je ne sais pas si c’est vraiment le terme… Quand j’ai vu ça, je l’ai posté sur les réseaux. Je veux bien qu’on soit artiste européen de la semaine, c’est cool !
C’est aussi une façon pour un autre public de vous découvrir.
Nicolas (Cannibale) : Oui c’est ça, il n’y a pas de petites interviews, il n’y a pas de petites promotions. Ça fait toujours plaisir évidemment et c’est bon à prendre non seulement pour la visibilité du groupe mais également pour le moral.
L’EP de Makeshift est sorti le 19 décembre. Il y a eu à cette occasion une présentation à Supermonde à Mondeville ?
Michaël (Makeshift) : Effectivement, WeWant2Wecord a permis de sortir le disque physiquement sur une microédition à 55 exemplaires. C’est sorti hier à la Superette à Supermonde. En fait, il ne nous en reste déjà plus qu’un.
Il va être pressé à nouveau ?
Michaël (Makeshift) : Etant donné que le pressage coûte très cher et qu’on est sur des microéconomies, il n’y a aucun bénéfice sur les ventes de ce disque, donc je ne pense pas qu’on en pressera à nouveau. Puis on est déjà portés sur l’avenir. Nous c’est un peu l’inverse de Cannibale… c’est un peu La Belle et Le Clochard (rires). Il n’y avait aucune thune, on a démarché six ou sept labels, on a eu trois réponses. Dans la plupart des cas, c’étaient des structures minuscules où il n’y aurait eu aucun budget. Et vu qu’on n’a pas d’argent, on n’a pas payé d’attaché de presse. On a fait avec les moyens du bord. Mais il devrait prochainement y avoir un peu de presse, et l’EP est aussi disponible sur toutes les plateformes.
Cet EP fait suite à un album qui est sorti en 2018.
Vincent (Makeshift) : Oui, il y a eu un album en 2018 et c’était à peu près le même type de fonctionnement, c’était encore une coproduction entre WeWant2Wecord et North. L’EP a été enregistré principalement dans ma coloc à Caen ; l’album avait été enregistré dans trois ou quatre lieux différents dans la région par Nicolas Marsane (également membre de Cannibale) qui est notre bassiste et qui enregistre, mixe et produit.
A quel moment l’EP de Makeshift a été composé ?
Vincent (Makeshift) : On a terminé de mixer l’EP après le confinement, mais on a fait les compos et les prises entre la sortie de l’album et le confinement. Il y a un même un titre de l’EP qu’on jouait déjà en live sur la tournée de l’album.
Et l’album de Cannibale a été composé à quel moment ?
Manu (Cannibale) : Il a été composé avant le premier confinement lorsqu’on était en tournée et sur la fin 2019. J’avais déjà composé pas mal de choses à ce moment-là. Il y a juste le morceau « King of the Attic » sur lequel on a invité Fabrice, le chanteur de Frustration qui a été fait en mars.
Frustration, un groupe de quarantenaires aussi…
Manu (Cannibale) : Presque cinquantenaire sans vouloir balancer (rires).
Quelle est la vision de Cannibale sur Makeshift et la vision de Makeshift sur Cannibale ?
Michaël (Makeshift) : A Cannibale l’honneur…
Manu (Cannibale) : A vrai dire, je ne connaissais pas, je n’avais pas vraiment écouté et je me suis donc permis de le faire. Je trouve que le son est super, il y a un côté jazz à la production et harmoniquement c’est vraiment original. Ma vision sur le truc, c’est qu’on sait exactement où vous vous situez en ce qui concerne une sortie d’album quand on n’est pas accompagnés : c’est dur. Ça a été le cas sur la plupart de nos sorties d’albums dans les groupes où on n’était pas chez Born Bad Records. Avec Nico, pour tous nos autres groupes avant Cannibale, on sait ce que c’est. Ça ne permet pas de vivre mais de toute façon, j’imagine que pour vous c’est une nécessité de faire des albums et de les sortir. Il faut trouver le label qui va mettre les ronds et puis ça viendra. Cela ne dépend pas de vous en fait, cela ne dépend pas de nous, c’est pas notre métier. Le meilleur argument, c’est la proposition artistique et ce que vous avez à proposer. Il faut continuer à faire de la musique, continuer à faire des concerts. C’est compliqué de rentrer dans un réseau quand on n’y est pas invité. Nico a téléphoné à JB de Born Bad parce qu’il avait son numéro et lui a demandé d’écouter, mais le mec a tellement de trucs à écouter que ce n’est pas évident. Six mois après, on sortait un album chez lui.
Nicolas (Cannibale) : Il y a de plus en plus de microéditions, de micro-labels, et maintenant, sortir un album tout seul, ça n’est pas complètement fou. Souvent, faire des petites éditions, c’est plus intéressant parce que tu t’y retrouves pécuniairement, et puis maintenant tu as aussi l’outil Bandcamp pour faire vivre ta musique. J’ai l’impression que vous avez quand même un réseau caennais bien costaud, non ?
Michaël (Makeshift) : Je ne sais pas, mais oui sûrement un petit peu parce qu’on se suit tous du coin de l’œil et du coin de l’oreille.
Manu (Cannibale) : Vous avez vendu 50 disques en une journée, ça veut dire qu’on achète les disques.
Nicolas (Cannibale) : C’est une sortie CD ou une sortie vinyle ?
Vincent (Makeshift) : C’est un vinyle 12’ 4 titres, mais dans cette édition-là il y a un CD aussi.
Nicolas (Cannibale) : C’est un objet qui est précieux.
Vincent (Makeshift) : Oui, on est contents de l’objet.
Et sur ces quatre titres, il y en a déjà trois qui sont sortis en vidéo.
Vincent (Makeshift) : Oui, on fait des clips un peu par nous-mêmes. C’est un peu cheap mais ça a son charme.
Nicolas (Cannibale) : Chez qui avez-vous pressé vos disques ?
Vincent (Makeshift) : Laurent du label WeWant2Wecord a le contact d’un gars qui a une presse chez lui. Il est situé à Amiens.
Michaël (Makeshift) : Oui, il est à Amiens. Il avait un label qui s’appelle Ribé Records et il fait ça chez lui. Il fait aussi des microéditions de vinyles pour les petits projets perso de chacun.
Nicolas (Cannibale) : Et vous n’avez eu aucune réponse de labels ?
Michaël (Makeshift) : Si, on a eu trois réponses de petits labels qui nous ont tous dit à peu près la même chose, ils sortent des groupes de copains et ils n’ont pas de thune…mais la musique est cool !
Vincent (Makeshift) : Les labels qu’on a contactés sortent peu de choses dans l’année avec leurs groupes qu’ils suivent.
Michaël (Makeshift) : Ce sont des petits labels nationaux très ciblés. En fait on a essayé de faire un peu l’inverse de ce qu’on a fait pour la sortie de l’album. Pour l’album, on avait ratissé un peu large, on avait un peu d’argent et un attaché de presse. On a eu quelques beaux articles, on a tourné trente dates sur l’album. Mais en fait, en un peu moins d’un an on avait l’impression que c’était comme un coup d’épée dans l’eau : tellement d’énergie mise pour tout ça et au final, il ne se passe pas non plus vraiment grand-chose. Pourtant on était fiers de cet album. On s’est dit que pour l’EP, on allait la jouer un peu différemment. On a sélectionné des labels qu’on affectionne et envisagé quelque chose de plus autoproduit en se démerdant parce qu’on n’avait pas le même budget.
C’est un peu ce qui se passait pour Bow Low et Boloniaise avant ?
Nicolas (Cannibale) : Oui carrément. On avait signé chez un label parisien, Daruma. C’était le seul qui avait répondu. On s’est dit, nous on prend de toute façon.
Manu (Cannibale) : Mais il n’y avait pas de thune, il fallait se démerder par ses propres moyens.
Nicolas (Cannibale) : On avait fait une release à la Boule Noire. Et puis il ne s’est pas passé grand-chose. Dans ces cas-là, tu te dis qu’ils ont pris la moitié de l’argent qu’il y avait, mais en fait on aurait presque tout aussi bien fait nous-mêmes. C’est pour ça la question aujourd’hui est de savoir s’il faut vraiment un label… pour nous, oui parce que c’est une grosse visibilité et parce que c’est un des plus gros des indés. Quand on signe chez Born Bad c’est super.
Michaël (Makeshift) : C’est l’image que ça donne. Vous avez l’air d’avoir beaucoup de presse et beaucoup de concerts. On sait que Born Bad est un label qui est très suivi dans l’indé. C’est pareil pour Veik qui a trouvé un bon label anglais. Je pense que ça peut être vraiment très utile dans le développement de la carrière d’un groupe d’avoir un bon label, mais ça doit être un label qui va s’arracher pour vous et qui croit à fond au truc.
Manu (Cannibale) : A la fin de la période Bow Low, on avait gagné ou on était finaliste du tremplin Inrocks Labs. On a ensuite signé chez Because Editions, et l’album qu’on a sorti avec eux, c’est celui qui est passé le plus inaperçu. Pour le coup, c’était trop gros pour un groupe comme Bow Low, c’était un énorme label et ça n’avait finalement aucun sens. On y allait intimidés du fait que c’était l’éditeur de Manu Chao, Daft Punk, Metronomy, tous les grands… Ils nous vendaient la lune, mais en dessous de 5000 disques vendus, pour eux ça n’a aucun sens et aucun intérêt. Et nous on était loin des 5000. Donc c’est important en effet de trouver quelque chose qui corresponde. Mais entre partager 50% des droits d’auteurs avec quelqu’un qui ne peut pas faire grand-chose ou le faire soi-même tout seul, autant choisir la seconde solution. C’est toujours pareil, tu ne sais jamais avant… ça dépend des ambitions, ça dépend aussi de ce qu’on veut faire du truc qu’on a entre les mains, est-ce qu’on veut juste en faire des concerts, est-ce qu’on veut voyager, est-ce qu’on veut devenir riche. Ça dépend de l’objectif.
Michaël (Makeshift) : Nous on a juste envie de faire de la bonne musique (rires).
Manu (Cannibale) : Alors ça, c’est gagné.
Vincent (Makeshift) : Qu’elle soit écoutée également.
Nicolas (Cannibale) : La volonté pour vous, c’est de refaire un album ?
Vincent (Makeshift) : Pas nécessairement avec ces chansons-là. C’était une étape de compos, une façon de faire. A la base on ne voulait même pas forcément les regrouper, plutôt les sortir une à une, mais finalement on s’est dit qu’on allait faire un disque 4 titres. On n’avait pas plus de compos. A un moment, Baptiste est parti à Bruxelles et il y a eu un bon moment où on se voyait plus trop.
Manu (Cannibale) : Makeshift existe depuis quand ?
Vincent (Makeshift) : En gros, on a commencé à composer l’album trois ans avant la sortie, c’est à ce moment-là que Nico (Marsane) est arrivé. En 2015 ou 2016.
Michaël (Makeshift) : En fait, il y a plusieurs facteurs à prendre en compte. Déjà, on compose les morceaux à trois (Vincent, Baptiste et moi), chacun de notre côté ou parfois ensemble. Plus rarement on compose à cinq, et c’est peut-être l’objectif pour la suite. Pour le moment, on a du mal à se voir. Nico (Marsane) est pas mal occupé en ce moment avec Cannibale (rires). On est assez lents à composer et à produire des titres. Mais on tient vraiment à jouer tous les cinq, c’est quelque chose qui fonctionne humainement et musicalement. On arrive assez facilement à trouver un son de groupe et c’est déjà une bonne base de travail.
Vincent (Makeshift) : C’est exactement ça, on s’entend vraiment bien à jouer ensemble. Même si on ne se voit pas pendant six ou huit mois, on sait que ça va marcher dès les retrouvailles.
Et pour Cannibale, c’est simple de se retrouver pour jouer, vu que vous êtes à Caen et à L’Aigle ?
Nicolas (Cannibale) : Il y a un rouennais aussi maintenant. C’est compliqué aussi concernant les agendas. Il y a plein de volonté de part et d’autre, mais il y a d’autres projets à côté pour Nico Marsane, pour notre batteur André aussi. C’est pas facile de trouver des endroits, mais on y arrive quand même malgré tout. Il faut faire avec les agendas de tout le monde.
Aura-t-on la chance de voir un jour une collaboration entre Cannibale et Makeshift, ou avec un des autres groupes dans lesquels jouent les musiciens de Cannibale ?
Michaël (Makeshift) : Une bonne grosse soirée déjà pour commencer !
Nicolas (Cannibale) : Oui, pourquoi pas, tout est possible.
Manu (Cannibale) : Il en est hors de question (rires).
Vous parliez tout à l’heure de la collaboration avec Frustration sur le dernier album. Y a-t-il eu d’autres collaborations de ce genre ?
Nicolas (Cannibale) : Oui, il y a un projet avec le groupe qui n’existe plus, Black Bones. Je ne sais pas où il en est… C’est un gros problème car on a commencé à faire un cadavre exquis en musique avec eux.
Manu (Cannibale) : Le principe, c’était deux minutes chacun. Ils envoient deux minutes, je fais deux minutes avec Nico et on leur renvoie. On était arrivés à huit minutes de morceau, et à ce moment-là l’autre groupe s’est arrêté. Mais il y a huit minutes vraiment intéressantes. Musicalement, c’était l’occasion de faire des choses qui sortent complètement du répertoire.
Michaël (Makeshift) : C’est vraiment fun ce truc, bonne idée.
Manu (Cannibale) : On a fait un rap, un morceau trap…
Nicolas (Cannibale) : Du trap de l’Orne, du bal-trap (rires).
Manu (Cannibale) : Et une partie beaucoup plus folk. Eux sont restés plus dans ce qui est leur univers.
Nicolas (Cannibale) : On ne sait pas ce qu’on va en faire. Ce serait con de ne pas les faire écouter ou que ça n’existe que dans notre ordinateur.
Sur un live peut-être… ?
Manu (Cannibale) : Là ça demande un gros boulot. Déjà, on a très peu de temps pour se retrouver… alors avec un groupe de Reims, ça risque d’être compliqué. Mais en effet, c’est con d’avoir déliré et de ne pas le sortir. Le mélange est improbable, ça fait un peu comme une compil où les morceaux s’enchaîneraient. On ne s’est même pas donné de règles. Le son ne s’arrête pas. C’est un peu comme un mix.
Nicolas (Cannibale) : On s’était rencontrés sur un concert et on s’était dit que ce serait bien qu’on fasse un truc ensemble, ça s’est fait comme ça. A distance ça a très bien marché. Black Bones, c’est surtout Antonin, mais bon, on n’a pas de nouvelles.
Pour 2022, y a-t-il déjà des concerts ou des tournées de prévues malgré l’incertitude quant à la rentrée ?
Nicolas (Cannibale) : Là on tend tous le dos, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais ça sent le confinement à plein nez. Je ne sais pas s’ils vont fermer les salles, mais ça me fout bien les boules. Je touche du bois… pour le moment on a une trentaine de dates et des options, avec une release au Café de la Danse le 3 mars. On a perdu pas loin d’une cinquantaine de dates à cause du Covid. On a quand même eu de la chance dans notre malheur, car il y a plein de groupe comme Frustration qui ont sorti un album et qui n’ont pas pu tourner ensuite. Même si c’est reporté dans un premier temps, la plupart du temps c’est annulé et ça ne reprendra jamais.
Et pour Makeshift, il y a des dates de prévues ?
Michaël (Makeshift) : Il n’y a pas de dates pour l’instant, mais on doit se voir entre les fêtes parce que Baptiste rentre et on doit un peu parler de tout ça. On s’est fixé quelques petits points étapes sur 2022 pour avancer et essayer de faire des concerts. En gros on a une première semaine de travail en février et une résidence en mai. L’idée est de trouver des petits moments pour travailler, même si parfois ce sera à quatre. Et pourquoi pas faire la tournée des grands ducs fin mai ou juin.
Nicolas (Cannibale) : Vous avez un tour ou pas ?
Michaël (Makeshift) : Non, on se démerde… C’est nous qui bookons. Mais les envies et les attentes sont un peu biaisées par les indisponibilités de chacun, on ne peut vraiment rien prévoir, même si on a envie de continuer de faire de la musique ensemble.
Nicolas (Cannibale) : Et Clockwork of the Moon, c’est terminé ?
Michaël (Makeshift) : Oui c’est terminé, mais Makeshift en est un peu le prolongement. La base de Clockwork, c’était Vincent, Baptiste et moi. Il y a deux membres qui ont changé. Ce sont des histoires de vie de chacun. Avec l’arrivée de Nicolas et de Charles-Antoine qui avaient une tout autre expérience, ça a complètement transformé Clockwork. On ne voyait pas l’intérêt de garder le même nom.
Et ce changement de line-up aussi changé l’esthétique du groupe ?
Michaël (Makeshift) : Oui, on était plus dans des contrées un peu folks. Ça a changé esthétiquement.
Manu (Cannibale) : Je trouve ça complexe, pas à écouter, mais dans le sens où c’est plus structuré.
Michaël (Makeshift) : On a un peu mûri aussi car on a commencé Clockwork quand on avait 16 ans. L’arrivée de Charlie et Nico qui ont 10 ans de plus que nous, c’est aussi des nouvelles choses qui arrivent. C’est une autre expérience, une autre approche du groove. On a découvert plein de choses grâce à eux et inconsciemment ça a énormément joué dans la direction musicale. Mais on s’est quand même rendu compte que l’album n’était pas facile à jouer et on s’est dit que sur scène on allait plus être sur le kiff plutôt que dans la concentration. Pour l’EP, il y a deux morceaux live qui vont sortir début 2022. Ce sera un peu plus vénère, mais ça restera toujours un brin pop. C’est notre culture… Et vous, les Cannibale, vous allez sortir des albums tous les 1 an et demi comme ça ? (rires). Vous êtes des ouf.
Manu (Cannibale) : Là, ça risque de ne pas se passer comme ça parce que le Covid a reculé un peu la sortie. C’est pas grave, mais il faut qu’on fasse vivre cet album. Les albums vivent en concert avec Cannibale. De toute façon, le label ne peut sortir les albums et activer les leviers que tous les deux ans. Entre le premier et le deuxième, ça a été un peu plus court parce qu’on n’avait pas vraiment arrêté la tournée durant cette période, donc le label a profité de ce truc. Mais là, ça risque d’être différent. Faisons déjà vivre celui-là, il n’est sorti que le mois dernier, les choses sont encore à venir.
Michaël (Makeshift) : Et j’imagine qu’il y a un peu la notion de battre le fer pendant qu’il est chaud. Vous êtes identifiés sur scène, enfin c’est comme ça que je le vois, comme un groupe avec lequel on a envie de danser. Les gens sont vachement accueillants vis-à-vis de votre musique. Pour vous, ça fait sens d’avoir un certain rythme de sorties, alors que nous, on s’en fout, on est attendus par personne (rires).
Manu (Cannibale) : Après, on ne fait pas tant les choses pour les gens que pour nous-mêmes. On a envie de faire des concerts. En fait, cela a des conséquences un truc comme ça, même si on est protégés et qu’on n’est pas à plaindre… ça a des conséquences sur la globalité du secteur musical. Les gens se remettent en question, il faut tenir. Ce n’est pas évident de garder des gens et la disponibilité de tout un groupe.
Et puis aussi de garder tout un public…
Michaël (Makeshift) : Oui, il est possible que les gens aient changé leurs habitudes effectivement.
Manu (Cannibale) : Je ne sais pas. Pour en avoir discuté avec certaines personnes, les concerts à Paris sont tous blindés.
Michaël (Makeshift) : On a eu une belle surprise aussi sur le concert des Aérolab au Cargö avec F O S S E, Galaguerre et Oslo Tropique. Ça faisait plaisir de voir un peu de monde.
Nicolas (Cannibale) : Pour nous, à part un concert à Nantes en plein air et où il faisait froid, il y avait du monde à chaque fois. Par contre, c’est plus vrai pour les abonnements en ce qui concerne la danse et le théâtre, les salles sont à moitié remplies. Après, on va voir à quelle sauce on va être mangés à nouveau. Parce que là ça risque d’être distance sociale, port du masque…
Et concerts assis…
Manu (Cannibale) : En concerts assis, les gens se lèvent en fait. On a fait un concert assis entre les deux confinements et c’était super. On a senti que les gens voulaient en découdre. Pour le public des SMAC en province, ce sera peut-être plus compliqué. En fait, on ne sait tellement pas ce qui va se passer… C’est ça qui est problématique et qui met en danger tout le monde.
Nicolas (Cannibale) : On va voir comment ça se passe…
Cannibale
Fiche Music Box
Site web
Soundcloud
Facebook
Bandcamp
Youtube Channel
Crédits photos : Camille Bokhobza
Makeshift
Fiche Music Box
Facebook
Sonotheque Normandie
Bandcamp
Consulter la Music Box