Bad Seed vient de sortir son premier EP le 11 novembre 2022. Rencontre avec Fabien Blier quelques jours avant la sortie de l’EP et le concert du 12 novembre au BBC en première partie de Frederika Stahl.
Peux-tu nous parler du projet Bad Seed et de sa genèse.
Sous le nom de Bad Seed, le projet est à peu près né en mars 2020, mais c’est quelque chose que j’ai commencé à bosser en juin 2019. On avait des contrats de prévus avec mon ancienne formation mais ça ne s’est pas fait. On était engagés et j’ai voulu honorer ces contrats. J’ai commencé à préparer un set acoustique et j’ai continué. Puis est arrivé le confinement. Une fois que j’ai eu mes compos, je me suis dit que j’allais sortir un truc.
C’était un projet acoustique au départ ?
On a mis fin à l’ancien groupe au mois de mai 2019, le concert qui était prévu devait avoir lieu au mois de juin, et comme je le disais, j’ai voulu honorer ce contrat. J’ai rappelé l’organisateur et je lui ai dit que je venais tout seul pour jouer les morceaux du groupe, mais à ma sauce de manière acoustique. J’avais un peu peur d’être tout seul sur scène et je me suis dit que j’allais me faire une petite base électronique derrière. Je venais de découvrir Peeping Tom, un des nombreux projets de Mike Patton, et ça m’a complètement retourné la tête. J’ai redécouvert le trip-hop à ce moment-là.
J’étais vraiment dans cette mouvance-là, et je me suis dit que tout seul, sur le plan vocal et du jeu de guitare, je n’étais pas au niveau. Et je n’avais pas envie d’être un énième mec qui joue seul avec sa gratte. Je voulais proposer quelque chose d’autre avec un brin d’électronique. De fil en aiguille, j’ai écrit des chansons et composé des morceaux.
Tu as redécouvert le trip-hop, d’où cette reprise de Massive Attack, « Saturday come slow » …
C’est le premier morceau qui est sorti, le jour de mon anniversaire l’année dernière, le 14 décembre. Je l’ai enregistré en me disant que j’allais le sortir uniquement en clip. Il n’est pas sur l’EP. Je ne voulais pas que sur l’EP il y ait une association Bad Seed a un morceau de Massive Attack, donc c’est du Massive Attack… je ne voulais pas qu’il y ait ce raccourci. Mais en reprenant cette chanson qui est une des chansons un peu ovni de Massive Attack et un peu à part au niveau de la discographie, je trouvais que ça me permettait de me mettre en jambes dans le projet qui est complètement différent de ce que je faisais avant.
Dans quelle esthétique musicale classes-tu Bad Seed justement ?
Je situe Bad Seed dans le folk. Quand je l’explique aux gens, je me définis comme folk – trip hop. Ça veut tout dire et rien dire à la fois. Folk, oui parce que j’ai une guitare acoustique. Il y a des passages très folk comme sur la chanson « Bad Seed » dont j’ai sorti le clip au mois de mai dernier. Mais il y a d’autres morceaux comme « Forgive me for what you’ve done » qui n’ont rien du tout de folk, plus dans la veine trip hop. Pour moi, c’était le morceau qui devait être le plus trip hop du CD, et vu que j’ai laissé carte blanche à David Thiers qui a mixé et masterisé le disque, et qui principalement mixe du rock et du metal, le morceau sonne plus rock que trip hop.
C’est donc un EP de quatre titres.
Quatre titres avec quatre identités. Folk - trip hop, ça permet d’englober tout car c’est assez vaste et assez flou. Quatre identités, mais avec une cohérence. En tout cas, moi je la vois (rires).
Quand et où l’enregistrement a été fait ?
On l’a fait à Langrunes dans le studio de Yann Lepoetre qui joue les claviers sur le CD et qui est également avec moi sur scène. On a enregistré chez lui en septembre 2020. Aaron Sylvestre, le batteur est venu de Bordeaux et on a enregistré les batteries ; le week-end suivant, on a enregistré les basses avec Christophe, ensuite les claviers, guitares et chants. On a tout enregistré nous-mêmes et on a envoyé le tout à David qui a mixé ça dans son coin. La seule direction artistique que j’ai imposée aux gars, c’est qu’on jouait mes morceaux. S’il y avait des propositions pour les arrangements, comme Aaron l’a proposé par exemple, il ne fallait pas que ça dénature ce que j’avais fait et que ça serve au propos. J’ai accepté ces quelques propositions qui ont été faites.
A l’origine, c’est toi qui as tout composé ?
Oui, j’ai tout composé de A à Z, mais il y a deux ou trois choses qui viennent des gars. C’est pareil concernant David, la dernière fois qu’on s’est vus, il m’a demandé ce que je voulais comme couleur pour l’EP. Je lui ai répondu que je ne savais pas et lui ai demandé ce qu’il voyait lui. Je l’ai laissé faire et lui ai donné carte blanche en lui demandant de me faire écouter ce qu’il proposait. Je lui ai dit de faire les choses comme il les sentait et qu’on ajusterait ensuite. On a finalement simplement ajusté le volume ou la mise en avant de certaines choses. La manière dont l’EP a été mixé, les effets qui ont été utilisés, c’est la patte de David.
C’est une sortie CD, numérique, vinyle ?
C’est une sortie CD et numérique simplement. Il sort le 11 en digital et sera disponible en CD le lendemain pour la release. Je tiens particulièrement à remercier les 61 contributeurs qui ont permis de financer une partie de cet EP. Je cherchais à atteindre 2 000 € et j’ai obtenu 2 100 €.
Il y a un label derrière ?
Non, il n’y en a pas. Tout est autoproduit. On peut s’autoproduire et avoir ensuite un label qui diffuse, mais ce n’est pas mon cas. C’est une volonté de tout faire tout seul, de la composition au graphisme et à l’édition. J’ai décidé de tout gérer. Avec le recul, c’est une connerie… (rires). J’aurais dû me forcer un peu plus à chercher du monde pour m’entourer. J’avais passé dix ans à bosser avec une équipe, et là je voulais vraiment tout gérer.
En combien d’exemplaires sortira le CD ?
Pour l’instant, j’en ai tiré 300. Petit pressage, mais je n’ai pas l’ambition de remplir les stades. Je veux que ça reste un projet très intimiste. Je pense même que le BBC ça risque d’être trop grand. Quand j’ai fait les deux premières dates officielles avec Bad Seed au mois de septembre, le premier soir, on a joué dans un bar à Avranches. Quand j’ai commencé à jouer, personne ne parlait, tout le monde me regardait, ils étaient hyper attentifs à ce que je faisais. Ce que j’essaie de proposer, c’est une expérience très immersive où je parle très peu avec le public à la différence de ce que je faisais avant. Je mets beaucoup en avant l’émotion que je cherche à faire passer. Le fait d’avoir les personnes face à toi dans un petit lieu, ça crée une espèce d’osmose et d’énergie qui est assez déstabilisante mais hyper excitante.
C’est ce que tu recherches avec Bad Seed, cette proximité et cette intimité avec le public ?
Je ne vais pas demander aux gens de crier ou de sauter partout comme je le faisais avant. C’est une musique qui est très lente, relativement sombre. C’est quelque chose de très introverti. J’ai beaucoup pensé à ce qui s’est passé à la fin de mon ancien groupe. Je suis quelqu’un d’hyper jovial, mais là je me suis retrouvé face à moi-même, tout seul sur le plan artistique. J’ai beaucoup réfléchi et digéré le truc, ça a pris trois ans. Dans ce projet, je parle vraiment d’expériences, de quatre choses que j’ai pu vivre. Avec Bad Seed, tout est basé autour de la plante, j’espère pouvoir faire passer une dimension écologique dans mon message. Il y a une prise de position politique.
C’est vrai que le côté intimiste est plus propice à ce genre de chose. C’est comme si je racontais une histoire à quelqu’un qui est en face de moi.
Le lendemain de cette date très intimiste à Avranches, j’ai joué dans un festival à côté de Rennes. J’étais placé juste à côté de la buvette et c’était la fête. L’énergie était différente, et c’est vrai que quand je me concentrais sur des passages qui sont beaucoup plus calmes, le public me gênait presque. C’est triste ce que je joue, soyez tristes… A côté de ça, j’ai peut-être aussi touché des personnes qui n’auraient pas nécessairement écouté ma musique.
Pour la release au BBC, combien y aura-t-il de personnes sur scène ?
En studio, il y a quatre personnes : Il y a Aron qui vient de Bordeaux et qui joue dans Seeds of Mary, Christophe à la basse, Yann et moi. Sur scène, ça peut être un peu différent. Pour la première partie de Frederika Stahl au BBC par exemple au niveau des agendas, c’était compliqué avec la tournée de Seeds of Mary, car j’ai eu l’information assez tardivement. On a donc décidé de jouer à trois avec derrière toute une base électronique avec des batteries électroniques, des samples qui vont tourner ici et là.
L’idée à la base du projet, c’était que je pouvais jouer dans n’importe quelle configuration, à partir du moment où j’ai le budget. Si j’ai le budget pour payer une personne, je vais partir avec mon ingé son et je vais jouer seul. Plus j’aurai de budget, plus j’aurai de musiciens sur scène. Le rêve que j’avais pour la release party, c’était d’avoir les quatre musiciens qui ont enregistré le CD, d’avoir trois choristes et d’avoir trois soufflantes, soit trompettes ou trombones comme il y a sur l’EP, un peu en mode gros brass band…. Mais bon…. On va voir moins grand (rires).
Tu connaissais Frederika Stahl avant ?
Pas du tout, j’ai découvert en voyant la programmation du BBC et ça a été une très grosse surprise. J’ai vraiment accroché et j’ai vraiment insisté pour pouvoir faire la première partie, même si je pense qu’il va y avoir un décalage. Au départ, je crois qu’elle faisait quelque chose de beaucoup plus jazzy, mais depuis quelques années, j’ai l’impression qu’elle est vraiment électro pop, claviers, basse, en mode minimaliste. Ce qui correspond un peu à ce qu’on cherche à faire avec Bad Seed.
Sur scène, ce sera un set de combien de morceaux ?
On va jouer la reprise de Massive Attack, il y aura les quatre titres de l’EP, et on va faire une reprise « Unchain my heart » de Joe Cocker. Cela n’aura rien à voir avec l’original évidemment à la différence du titre de Massive Attack qui est identique. Ce n’était pas prévu à la base. C’était une chanson qu’on avait enregistrée avec Yann avant Bad Seed. On s’est dit que ce serait intéressant de la jouer. Avec le recul, on s’aperçoit que c’est vraiment difficile à jouer.
Elle est différente dans quel sens ?
On l’a complètement réécrite. On s’est dit que ça allait être notre version. On en est assez contents.
Y aura-t-il d’autres surprises lors de cette release ?
On peut parler de la bière… On a fait une bière spéciale avec la Brasserie Coupe Gorge à Saint-Laurent de Condel. Ça fait deux ans qu’ils ont ouvert et ils ont une gamme permanente de 12 bières, ce qui est pas mal pour une micro-brasserie. J’avais parlé de mon projet de sortir une bière, faire brasser un type de bière que j’adore, mais qui, quand tu la vois servie, tu as l’impression de boire une autre bière. Voilà, je n’en dis pas plus… les bières seront en vente avec les CD, les bonnets, les t-shirts..
Jusque maintenant, deux clips sont sortis dont « Bad Seed » qui figure sur l’EP. Est-ce que les autres titres de l’EP vont également sortir en vidéo ?
Si tu me donnes de l’argent, oui (rires). Il y en a un, « Forgive me for what you’ve done » que j’aimerais bien sortir. J’ai une idée de scenario en tête, mais c’est toujours une question d’argent. Les deux clips qui sont sortis ont été réalisés par Ludo Lozay qui fait également le son sur scène. Le prix que j’ai payé pour ces deux clips n’était pas élevé, mais j’aurais payé plus cher avec une autre personne. Mais ça reste malgré tout un budget.
Bad Seed
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© Ludovic Lozay - Richard Renaut - Sébastien Galopin
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