Seasonal Affective Disorder sort son nouvel album « Juste avant le matin » le 21 octobre et feront une release au 3 Pièces le jeudi 20 octobre. Rencontre avec Olivier qui nous parle de cette sortie et du plateau qu’ils partageront avec Miah Moss.
Peux-tu nous faire une petite présentation du groupe ?
Le groupe a vu le jour en 2017. Ed faisait de la musique et je l’ai rencontré grâce à une petite annonce qu’il a mise car il cherchait quelqu’un. J’ai dit à mon frère de le contacter et je suis devenu ami avec Ed. On a eu un premier projet ensemble qui s’appelait Egoblaster qui était un peu plus du stoner et on a fait assez rapidement le tour avec ce groupe-là. On avait chacun des compos de notre côté et à l’été 2017, on ne faisait rien tous les deux et pendant un mois je suis venu chez lui tous les jours et on a enregistré l’album sans vraiment savoir la forme que ça allait prendre. On a vraiment essayé des choses en n’ayant aucune contrainte et en se disant que si ça foirait, on aurait au moins essayé de se faire plaisir. Sur cet album par exemple, on a fait les boîtes à rythmes avec des bouches ou des trucs comme ça…. On avait un peu ce besoin d’essayer des choses parce que ce qu’on avait fait avant nous plaisait moins au niveau de l’enregistrement. On voulait partir dans de la folk un peu déprimante. …
C’était pour le premier album ? Ensuite il y a eu deux EP et un album avant celui que vous sortez le 21 octobre.
Oui, c’était sur notre premier album éponyme. Ensuite on a fait « II » et « III » qui sont des EP, et encore après « Quatre » qui est l’album pour lequel on a commencé à travailler avec Kids are Lo-Fi. Pour le premier album et les deux EP, on a tout fait tous seuls. Au début, c’était parce que Ed savait enregistrer. On a gardé un album qui n’avait pas forcément trop de cohérence, mais c’est ce qu’on voulait aussi. On avait également cette volonté de faire ce qu’on voulait, de le faire quand on voulait parce qu’on enregistrait chez nous et pas en studio.
C’est à partir de « Quatre » qu’on s’est dit qu’on allait enregistrer autrement. On a loué dix jours de résidence à Alençon à La Chapêlmêle. On a enregistré dans le confessionnal et on avait carrément la chapelle pour nous. On a fait ces dix jours encore tous seuls pour l’enregistrement, et après, on a travaillé avec Kids are Lo-Fi qui nous a proposé de le produire et de le distribuer. Mais l’enregistrement s’est fait de notre côté.
Contrairement au nouvel album qui a été enregistré par Nicolas Brusq.
Pour ce nouvel album, on avait envie de travailler avec quelqu’un, et c’est Julien Lenormand, chargé d’accompagnement au 106, qui nous a donné le nom de Nico en nous disant que ça allait coller. On l’avait rencontré à Caen quand les travaux de son nouveau studio d’enregistrement n’avaient pas encore commencé, il y a quasiment un an. C’était super d’enregistrer avec lui parce qu’humainement il est génial, on a une sensibilité musicale commune. Avec Ed, on avait énormément de compos qu’on avait faites pendant le confinement comme beaucoup de groupes je pense. Elles avaient déjà une forme et certaines étaient quasiment finies. Soit on refaisait la même chose et on réenregistrait piste par piste, soit on essayait un peu d’éclater les chansons et de voir si on ne pouvait pas réellement s’amuser avec les chansons. Par exemple, « Pretty Mess » ne ressemblait pas du tout à ça. J’ai dit à Ed que c’était sa compo un peu Daft Punk parce qu’elle était arrangée vraiment différemment. On ne savait pas quoi en faire et on a tout éclaté, on a fait une prise live où c’est Nico qui fait la batterie. C’est vraiment ce qu’on voulait, quelque chose de brut.
Entre la sortie de ces deux albums, il s’est passé presque trois ans. Avec la période du Covid, ça a été un temps que vous avez consacré à la composition ?
Oui et à réfléchir à ce qu’on voulait faire. « Quatre » est un album qu’on aime bien, mais ça reste quand même un album un peu bricolé et l’idée était vraiment de bosser avec quelqu’un d’autre. On a essayé de bosser avec un autre musicien. Avec André à la batterie, humainement cela se passait très bien, mais ce n’est pas ce qu’il fallait dans le groupe. Quand on est allés en studio, on est restés cinq jours avec Nico qui connait un peu notre musique et qui avait déjà écouté les compos. Il pouvait nous donner son avis et c’était vraiment cool.
Ce qu’il y a de bien, c’est que Nicolas Brusq travaille sur bandes, et du coup, on s’est donné la contrainte de travailler avec son 8 pistes. On a quasiment très peu d’ampli d’enregistrée, on a mis directement la guitare ou les différents instruments dans son 8 pistes. On a essayé, quitte à faire des squelettes de morceaux ensuite réarrangés sur Pro Tools et en numériques, mais au moins avoir un squelette sur bandes. Ce côté un peu épuré nous a plu, sur l’album il n’y a pas beaucoup d’arrangements, quasiment une base de 8 pistes ou moins et parfois quelques chœurs ou des choses qu’on a rajoutées, mais on a gardé ce truc assez brut.
A part le côté un peu plus pro pour ce nouvel album, y a-t-il également d’autres différences entre les albums « Quatre » et « Juste avant le matin » en termes d’esthétiques notamment ?
On a essayé un peu plus d’écrire en français. Il y a deux morceaux dans le nouvel album. Sur « Quatre », il y avait un morceau où on essayait le français. On s’est dit que ce serait intéressant d’essayer ; au début je n’y arrivais pas et je me suis un peu forcé à le faire.
En termes d’esthétiques, on était partis dans l’idée de faire un album joyeux, et quand on l’a écouté, on s’est dit qu’on avait peut-être raté ça…. Non, je pense que la grosse différence vient de la contrainte de magnéto. Par exemple, sur « Quatre », il y avait le dernier morceau « 8 AM » dont on ne savait pas quoi faire et on avait enregistré une base avec simplement des voix. On ne s’est pas réellement autorisé ce genre de choses pour le nouvel album. Là c’était un autre travail, et vu qu’on avait déjà pratiquement toutes les compos de prêtes, soit ça fonctionnait, soit on prenait le temps de tout éclater et de réfléchir. Il y a deux morceaux comme ça pour lesquels Ed avait donné des formes où j’avais difficilement ma place parce qu’il avait déjà tout arrangé. On s’est posé la question de savoir si c’était ça qui était intéressant ou de savoir si on ne réfléchissait pas à autre chose.
Sur l’album, il y a le morceau « Follow the light » où il n’y a quasiment rien et sur les trois quarts du morceau il y a simplement basse et voix. Et sur « Pretty Mess », on a essayé de faire une prise live, chose qu’on n’avait jamais faite.
Tu parlais tout à l’heure de la difficulté à écrire en français. Qu’est-ce qui était le plus compliqué pour toi ?
Pour moi, c’était la pudeur des mots. Déjà, quand j’écris et que je veux dire quelque chose en anglais, je le métaphorise un peu, j’ai du mal à le dire brutalement. C’est pour ça que nos paroles parlent plutôt d’amour ou d’autres choses comme ça, parce que c’est facile de faire des métaphores sur des choses qui peuvent avoir du sens de manière différente selon les personnes. Ecrire des paroles poétiques ou des trucs comme ça, pour nous ce n’est pas possible. Ce n’est pas que cela ne nous intéresse pas, mais c’est parce qu’on ne sait vraiment pas le faire. Et pour ce qui est du français, Ed a par exemple beaucoup retravaillé son texte sur « Juste avant le matin », bien plus qu’il ne l’aurait fait pour un texte en anglais. En français, le sens arrive directement dans les oreilles des Français, alors qu’en anglais, nous on s’en fout un peu de ce que ça veut dire. C’était un peu cette approche-là qu’on avait, se dire que le texte et le message sont importants dans le fond.
Sur l’album, il y a donc « Au-delà » et « Juste avant le matin » qui sont en français, c’est vraiment un tout début….
Au début, quand j’écrivais en français, je trouvais les textes ridicules, alors que ce n’est pas le cas quand j’écris en anglais. A l’époque de l’album « Quatre », on a beaucoup écouté Elli et Jacno ou des artistes comme ça, avec des textes qui paraissent peut-être un peu bêtes, mais qui sont hyper bien écrits.
Ed et moi, on n’a pas les mêmes approches des textes en français ; on en a retravaillé avec Ed, parce que certaines approches sur les morceaux le gênaient. On a retravaillé ensemble « Au-delà ». Pour moi par exemple, un morceau de La Femme qui s’appelle « Où va le monde ? » où les paroles paraissent un peu débiles, personnellement, je les trouve bien. Ed n’est pas d’accord avec moi là-dessus, et c’est vraiment cool aussi de se confronter sur ça.
Dans le groupe, vous chantez tous les deux ?
Oui, on chante tous les deux et chacun chante les chansons qu’il a écrites, quasiment jamais celles de l’autre.
Et vous avez toujours été à deux sur scène ?
Oui. On va faire une release party au 3 Pièces à Rouen le 20 octobre et on retravaille un set différent toujours avec une boîte à rythmes, mais on va essayer d’avoir deux guitares et deux claviers sur scène, et toujours les deux chants. On n’a pas toujours bossé comme ça. Pour « Quatre », on passait un peu les playbacks de nos morceaux, on jouait soit guitare ou clavier et on chantait par-dessus. On avait le fond qui était déjà là. On s’est dit que c’était un peu contraignant. Avec la boîte à rythmes, on la lance, on suit le rythme et après on fait ce qu’on veut de nos morceaux dessus. Le but pour les prochains live, c’est que cela ne ressemble pas nécessairement à ce qu’on a fait sur l’album, ce sera un truc plus brut. Parce que pendant longtemps, on nous a considérés comme un groupe un peu calme sur scène avec des formules acoustiques. On nous demandait souvent de jouer sous cette forme et on a commencé à refuser à un moment, parce qu’on aime bien l’énergie sur scène. On n’écoute pas nécessairement que de la folk ou des musiques calmes.
Les morceaux qu’on ne compose qu’en guitare-voix marchent en acoustique. Mais on a autre chose à proposer et on peut bosser autre chose en live. En fait, on s’adapte énormément car on a beaucoup fait de concerts en appartements et donc on peut avoir une formule électrique plus calme, on a fait des concerts en squat, en cave ou dans des bars. On a joué aux Jardins Joyeux à Rouen avec un groupe de black metal, et ça collait. Il y a une sensibilité un peu commune et il y a souvent des publics qui écoutent du metal et qui adorent ce qu’on fait.
Jouer dans les lieux alternatifs est pour vous un bon moyen de jouer votre musique comme vous l’entendez ?
Oui, par exemple c’est Pascal Dickens qui a fait notre tournée pour « Quatre ». Ce sont des milieux où tout le monde se connait. Ça s’est fait naturellement, on a rencontré Pascal ainsi que Grand Parc à la MJC de Rouen. De notre côté, ça a été un grand coup de foudre pour la musique de Grand Parc. Grâce à ça, on a rencontré l’équipe de l’Etourneur par la suite, on a eu l’occasion de jouer au Café des Images à Hérouville Saint-Clair. On a également joué à La Centrifugeuz. A Caen, c’est vrai qu’il y a une sensibilité commune sur l’aspect DIY. On retrouve moins cela à Rouen.
Ces lieux-là sont vraiment importants pour les groupes comme nous qui avons un peu le cul entre deux chaises.
Est-ce que Seasonal Affective Disorder est proche d’autres groupes à Rouen ?
Pas tant que ça, parce qu’on sort moins dans les bars je pense, et on ne répète plus au 106. On répète moins, parce qu’on a eu le gros processus de l’enregistrement de l’album, et depuis que ça a été enregistré, on n’a quasiment rien fait, à part travailler un peu la sortie. Les lieux de rencontre des musiciens à Rouen sont le 3 Pièces et le 106. On est copains avec certains groupes, c’est une scène vraiment chouette. Il y a des groupes qui émergent un peu de partout et vraiment dans tous les styles.
La release aura donc lieu au 3 Pièces le 20 octobre. Y aura-t-il d’autres groupes de programmés ?
On joue avec Miah Moss, le groupe de Zaïna qui joue dans Johnny & Rose également. Pour la release, elle va essayer de faire un set toute seule. Je ne sais pas comment elle va le bosser, peut-être avec une boîte à rythmes ou peut-être qu’il y aura Seb son guitariste, mais ce sera quelque chose de beaucoup plus intimiste. C’est quelqu’un qu’on apprécie énormément humainement, et sa musique nous parle à fond. Elle nous a fait écouter des morceaux piano-voix et elle est incroyable. Avec Miah Moss, il y a un côté un peu plus urbain qu’avec Johnny & Rose qui est plus folk, et elle assume ce côté-là.
Comment qualifieriez-vous l’esthétique de votre groupe ?
On dit qu’on est un duo de pop. La folk, ce n’est pas vraiment quelque chose qu’on écoute, même s’il y a un peu le côté folk lo-fi. Le terme pop permet vraiment d’englober plus de choses. Pop aussi dans le sens où on recherche plutôt la mélodie. Nos chansons dépassent rarement trois minutes, même parfois deux minutes. C’est un peu comme ça qu’on s’est affirmés pendant longtemps, en se disant que quand on n’a plus rien à dire, on se tait et on arrête notre morceau. Sur le nouvel album, on a travaillé les morceaux un peu différemment, mais ça a été longtemps nos revendications brutes, ne pas se faire chier.
« Juste avant le matin » sort donc le lendemain de la release, le 21 octobre chez Kids are LoFi.
Oui, c’est un album 12 titres qui ne sortira qu’en K7. La pochette est de Croconouche, c’est une amie qui essaie de se lancer dans l’illustration. Ses dessins sont hyper enfantins et innocents. Je voulais qu’on travaille avec elle. Sur les précédents albums, c’étaient des photos à nous et on voulait vraiment changer par rapport à ce qu’on faisait habituellement.
On a pensé faire des vinyles, mais finalement, le format K7 ressemble à notre esthétique, et on ne voulait pas faire de CD, un peu par revendications écolos, et parce qu’on est sur Spotify. Même en voiture ou n’importe où on pourra nous écouter.
Si on regarde le premier clip extrait de votre nouvel album, « Pretty Mess », peut-on également dire qu’il est à votre image ?
Oui et on en a fait deux autres, il y trois clips qui sont prêts pour l’album. Pour « Pretty Mess », on a travaillé avec un pote. Pour le clip « Au-delà », il y a simplement un plan fixe. Et pour « Numbers », il y a deux plans. On essaie d’avoir une idée et d’en faire quelque chose. On ne regarde pas trop de clips et je trouve qu’il faut avoir une esthétique visuelle qui ressemble un peu à ce qu’on fait. Un clip avec un tournage d’une semaine n’a pas de sens avec ce qu’on fait. Et on essaie de bosser avec des gens qui ont ces sensibilités.
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© Nolwenn Lemarchand
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