Le 22 janvier et le 5 février ont eu lieu à La Luciole et au Tetris, les auditions des Inouïs 2022 pour le Printemps de Bourges. Cette année, quatre artistes et groupes normands (sur 33 artistes au niveau national) ont été choisis pour représenter la région du 19 au 24 avril à Bourges : Kidromi, Lotti, Museau et Own.
A moins de trois semaines de leur passage à Bourges, une visioconférence a été organisée le 31 mars, de manière à les faire se rencontrer et discuter entre eux. Kidromi, Museau et Lotti avaient eu l’occasion de se rencontrer lors des auditions au Tetris, tandis que Own était le seul représentant des sélectionnés pour les auditions de La Luciole.
Rencontre avec ces quatre artistes avant leur passage au Printemps de Bourges qui nous parlent de leur préparation et de leurs attentes.
Avant de parler du Printemps de Bourges et de ce qu’en attendent Kidromi, Lotti, Museau et Own, il convient de revenir sur les auditions qui ont eu lieu à La Luciole et au Tetris.
Pour les auditions de l’antenne de Basse-Normandie, quatre artistes et groupes étaient sélectionnés : Horzines Stara, Joseph Kamel, Kidd M et Own. Pour celles de l’antenne de Haute-Normandie, cinq groupes et artistes sont passées devant le jury et le public : Dye Crap, Heloïm, Kidromi, Lotti et Museau.
A la question de savoir comment ils ont vécu ces auditions, Own revient sur son expérience et sur le fait d’être passé en premier : « On était hyper mitigés parce qu’on était entre autres face à Joseph Kamel qui passe sur Virgin Radio tous les jours. Et soit, il était sur une très bonne lancée et c’était bon pour lui, soit le jury faisait son choix sur quelqu’un qui était moins avancé en termes de développement. Sur les retours que j’ai eus, c’était « ça va se jouer entre Joseph et toi ». Sur le plan technique, ma sono a pété dix minutes avant le concert, et on s’est dit qu’il fallait se donner dix fois plus. Il ne fallait pas se laisser déstabiliser. Je me suis entouré des deux régisseurs son et lumière du Cargö et ils étaient hyper rassurants. Le fait de passer en premier est bizarre, mais c’est bien parce que j’ai joué mon truc et après j’étais tranquille. A Bourges, ce sera également le cas, je passerai en premier. J’avais déjà tenté les Inouïs auparavant quand j’étais dans le sud et il y a ce truc de se dire que c’est bientôt son tour et de voir tout le monde qui défile, et ce n’est pas hyper confortable. Jouer en premier, tant que tu es confiant et que tu sais que tu maitrise ton set, ce n’est pas plus mal ».
Kidromi partage ce point de vue : « Je voulais passer en premier, je voulais ouvrir… ou finir ! Mais je ne voulais pas être au milieu. Mes balances se sont trop mal passées, et je suis arrivé sur scène ne me demandant si le son allait fonctionner. En fait, j’avais besoin de ears, on n’avait pas trop de moyens et on ne savait pas ce qu’il fallait qu’on achète… Je n’avais jamais chanté live, simplement en studio avec le casque et j’ai l’habitude de m’entendre avec l’auto tune ».
Lotti a plutôt bien vécu ces auditions : « On a trouvé notre ingé son une semaine avant la date. On a fait une petite résidence avec lui. C’était notre troisième concert. On venait d’investir dans du nouveau matériel, on a appris à l’utiliser en même temps. On avait fait une première partie de Chilla assez catastrophique. On a appris ces deux derniers mois de manière assez intense. Pour les auditions des Inouïs, on était prêts et je pense que c’était le meilleur son qu’on ait eu sur nos concerts. Pour Bourges, on va garder la même scénographie que pour les auditions ».
Museau avait quant à elle postulé l’année dernière : « Je n’avais pas été prise et tant mieux parce que les conditions n’étaient pas top… Et je n’étais pas prête non plus. Pour les auditions au Tetris, le concert s’est relativement bien passé. Il y a eu un souci technique qui a fait que j’ai pensé m’être complètement plantée tout le long, mais manifestement, ça ne s’est pas trop vu. Je n’entendais pas ma voix et j’y allais un peu à l’aveugle. Mais comme je suis assez détendue, il n’y avait pas trop de stress ».
Pour les 33 artistes des Inouïs, le Printemps de Bourges n’est pas seulement l’occasion de passer sur scène devant un public et des professionnels du secteur des musiques actuelles. C’est également une semaine de formation qui a lieu du 17 au 23 avril : La Classe Verte. Ce stage de structuration professionnelle est une collaboration entre Trempo, structure nantaise dédiée à l’accompagnement et à la formation d’artistes, et Réseau Printemps. Sur son site, Réseau Printemps définit ainsi la finalité de cette semaine de formation : « Le stage vient ainsi non seulement apporter une analyse et une aide aux problématiques rencontrées, mais également actualiser leurs connaissances du métier. Il leur permet de gagner en autonomie et aide à la construction d’une dynamique professionnelle nécessaire au développement d’une carrière ».
Parallèlement à ces stages de formation, des speed-meetings sont organisés entre les artistes et des professionnels du secteur. Ces derniers sont sélectionnés en fonction de leur cœur de métier et des besoins de chaque artiste. A la question « quelles sont vos attentes par rapport au Printemps de Bourges, à cette semaine de formation et aux rencontres éventuelles que vous souhaitez faire ? », Museau et Lotti ont le même souhait que Own qui recherche en priorité un tourneur : « Pour le moment, on gère ça tout seul, c’est mon ingé son qui gère mon booking ». Kidromi, en plus de toutes ces rencontres professionnelles cherche à faire de la musique et surtout à s’amuser.
La rencontre avec les professionnels est extrêmement importante pour chacun des artistes. Il s’agit pour eux de ramener le maximum de personnes qui peuvent être intéressées par leur projet. En amont, cela doit donc se préparer : « Isabelle et Etienne (respectivement chargée d’accompagnement et programmateur au Tetris) ont parlé avec mon manager pour préparer des trucs. Il faut quand même y aller avec un plan ou avec quelques idées en termes de développement et savoir ce que l’on recherche (tourneur, label…). Mais si tu ne le sais pas, ce n’est pas grave… » (Lotti).
Dans son projet, Museau est accompagnée par Nicolas Lerille qui a déjà participé au Printemps de Bourges avec Christine. Son expérience et ses conseils s’avèrent intéressants pour les lauréats : « J’ai fait Bourges en 2011 avec Christine. Ça ne marchait pas tout à fait pareil à l’époque, ça parait un peu loin. On était tous avec des affiches partout, des flyers et on essayait de montrer nos projets le plus possible à tout le monde pour qu’un certain nombre de pros viennent au concert. C’était un peu ça le jeu de l’avant concert, choper telle ou telle personne. J’essayais de choper Peter Winter de Ed Banger Records… Pensez à faire des goodies, montrez votre projet, et selon où vous en êtes, essayez de discuter avec des tourneurs, des éditeurs, des labels ».
A la question de savoir ce que lui a apporté le Printemps de Bourges, il explique qu’il faut rester lucide et s’inscrire dans une stratégie de plus ou moins long terme : « Le Printemps de Bourges a été une étape. Ça n’a pas été la folie dès le lendemain, on s’était un peu fait une montagne du truc et on est repartis en se disant qu’il ne s’était rien passé. Mais en fait, on ça a enclenché des choses, ça nous a permis de signer sur un label deux ou trois mois plus tard ; ça nous a permis d’aller jour aux Trans Musicales six mois plus tard. Et ça nous a permis dans les trois ou quatre mois de trouver notre tourneur également. Ça a quand même enclenché derrière une carrière que je mène toujours aujourd’hui ».
La préparation pour le Printemps de Bourges s’établit donc d’un côté avec cette mise en réseau et tout le travail relationnel en amont et durant le festival. L’autre aspect important de cette préparation concerne bien entendu le côté artistique et le set qui sera proposé. Pour cela, les résidences à quelques jours du Printemps de Bourges sont nécessaires : « Je suis en résidence le 8 et le 9 avril au Tetris et au CEM. Avec Louise, ma claviériste, on bosse les arrangements pour être au point » (Lotti). Pour Museau, la préparation du set s’effectue également par le biais d’une résidence : « J’ai postulé aux Inkubatteurs, l’accompagnement du Kubb et Le Tangram à Evreux. C’est là-bas que je vais faire une résidence la première semaine d’avril. Une journée avec Nico et avec les techniciens lumière et son pour faire du vrai filage. On a accès au Kubb toute la semaine, notamment pour bosser les ear monitor, ce qui est nouveau pour moi. Là, je suis dans ces tests et je vais bosser ça la semaine prochaine, bosser la scène également ».
Les SMAC et salles de musiques actuelles jouent un rôle essentiel dans ces résidences. Pour Kidromi, elle a lieu à Rouen : « J’ai une résidence le 11 et le 12 avril au 106. Le premier jour, je travaille toute la technique du son ainsi que la présence artistique. Le deuxième jour, on crée toutes les lumières, et j’ai vraiment hâte de ça. Pour les auditions des Inouis, j’avais eu des bonnes lumières, mais on ne pouvait pas caler tous les time code, et là on va vraiment bosser sur ça ».
Contrairement aux trois autre lauréats, Own ne fera pas de résidence juste avant Bourges : « On a déjà eu l’occasion de faire une résidence début janvier au Cargö avant les auditions. On a monté un nouveau set parce que c’était la première fois qu’on passait en duo sur scène. En termes de dispositions, on ne pouvait pas faire une résidence avant Bourges et là on prépare tout ce qui est visuel et merchandising. On joue au Tetris en première partie de Tahiti 80, et on est contents de pouvoir faire un concert en conditions avant Bourges ».
Ces résidences, en plus de parfaire le set, servent également à tester de nouvelles choses qui peuvent apporter un plus, et tout conseil de la part d’un autre lauréat quant à l’utilisation de tel type de matériel est le bienvenu. Museau demande ainsi à Pauline (Lotti) comment elle et son binôme utilisent les ear monitor et ce qu’elles en pensent : « Je les utilise mais je déteste, je n’aime pas du tout. C’est Louise qui en utilise. Pour moi, tout se mélange dans l’oreille et il n’y a pas juste la réverbération de ta voix. C’est un truc impalpable. Louise aime vraiment les utiliser car elle a beaucoup d’harmonies et ça lui permet d’être juste par rapport à sa musique ».
Depuis le 30 mars, il est possible de voter pour chacun des 33 artistes pour le Prix du Public. Pour Kidromi, ce n’est pas évident de concourir à ce niveau par rapport à certains artistes en lice : « Il y a des gens avec de très grosses communautés super actives qui participent. Et je pense qu’aucun de nous ne compte sur le Prix du Public. Mais on ne sait jamais, il faut quand même pousser ».
En attendant leur passage au Printemps de Bourges, Kidromi, Lotti, Museau et Own se concentrent sur leur set et préparent le merchandising pour cet événement. A la question de savoir s’ils sont stressés, l’inquiétude tient plutôt de tout ce qui tourne autour du Printemps de Bourges : « Pour moi, le stress est plus sur tout ce qui se passe autour du concert, j’ai plus peur de ne pas bien m’exprimer auprès des gens à côtoyer. Je serai accompagné par Jérémy Desmet, directeur du Cargö qui connait beaucoup de monde. Ça me rassure beaucoup. J’ai des coups de stress de temps en temps, mais je me dis que tout va bien se passer. On verra… (Own) ». Lotti est à 5 sur une échelle de 1 à 10 au niveau du stress : « C’est pareil, ce sont plus les trucs autour, les deadlines, parce qu’on fait pas mal de merchandising. Ça m’éclate trop de faire ça ».
Les quatre lauréats passeront entre le 20 et le 22 avril dans la salle Le 22.
Own : 20 avril à 13h.
Museau : 20 avril à 21h30.
Lotti : 21 avril à 14h30.
Kidromi : 22 avril à 14h30.
Plusieurs dates sont déjà programmées pour les différents artistes cet été : entre autres, Beauregard et Cabourg mon Amour pour Own, Ça sonne à la Porte pour Lotti, Les Fêtes de Jeanne d’Arc à Rouen pour Museau et Kidromi. Plus d’informations sur les dates à venir sur les réseaux sociaux des artistes.
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