Sortis respectivement le 16 avril et le 30 avril 2021, Postcard et Surrounding Structures sont les premiers albums de deux groupes emblématiques de la scène musicale caennaise, Beach Youth et Veik. Leur notoriété s’inscrit désormais à l’échelle nationale, voire internationale, car les critiques et chroniques dépassent amplement le territoire normand.
Pour ce double événement, il était intéressant de croiser les itinéraires de ces deux groupes et d’aborder des points tels que les conséquences de la pandémie sur leur activité, les difficultés et les adaptations que cette crise a engendrées. L’interview réalisée devient finalement un dialogue entre deux groupes de deux générations différentes, où chacun revient notamment sur l’importance du passage de témoin entre formations issues d’un même territoire à travers les années.
Rencontre avec Simon, Etienne, Gautier, Félix (Beach Youth) et Adrien, Boris, Vincent (Veik).
Formé en 2013, Beach Youth a sorti son premier EP Singles en 2017 et son deuxième EP Second en 2019. Aujourd’hui, le groupe sort son premier album Postcard.
Créé en 2016, le trio caennais Veik a sorti 3 EP : From Madness to Nomadness (2016), Maïdan / I7LI (2017), Vocationnal Exploration and Insight Kit (2019). En avril 2021, le groupe sort son premier album Surrounding Structures.
Postcard devait initialement sortir en tout début d’année mais a été repoussé en raison de la pandémie. Cette attente n’a pas été trop longue ?
Simon (Beach Youth) : Oui ça a été long, on a repoussé pendant longtemps parce qu’on voulait le sortir à un moment où on pouvait faire une release party et des concerts. A chaque nouvelle date il y a eu un nouveau confinement, donc on a fini par lâcher. Il y a eu des sessions live pour pouvoir défendre ces chansons autrement que par le disque. Initialement, Postcard devait sortir l’été 2020.
En a-t-il été de même pour Surrounding Structures ou la sortie de l’album était-elle programmée à la date du 30 avril depuis le début ?
Boris (Veik) : C’est la même temporalité, mais pas les mêmes raisons pour lesquelles on l’a repoussée. La pandémie n’a pas changé grand-chose : on a commencé à démarcher les labels et à réfléchir à comment on allait le sortir pendant le premier confinement et ça a été le moment également pour envoyer un maximum de mails. En fait, on devait le sortir avec un label parisien et eux ont eu des problèmes à cause de la crise sanitaire. Tout ça nous a retardés dans le sens où la période prévue était septembre 2020. En septembre on s’est retrouvés sans label et on a dû recommencer à réfléchir à une autre date. On avait des solutions alternatives, on pouvait le sortir nous-mêmes avec WeWant2Wecords.
Comment s’est passée la recherche de labels pour Postcard ?
Simon (Beach Youth) : On le sort avec trois labels. Au début du premier confinement, j’ai fait des tas de mails et on a eu plus de réponses que d’habitude, car d’habitude on n’en a pas (rires). On était vachement étonnés parce que des gens nous ont répondu même s’ils n’étaient pas vraiment chauds pour le sortir. Mais ils nous ont dit ce qu’ils ont aimé et parmi eux, pas mal de labels étrangers, donc ça c’était agréable. Et on a finalement eu une touche avec un label américain (Shelflife Records), un label de Brest (Music From The Masses) qui nous a permis d’être distribué plus facilement par PIAS..
Vincent (Veik) : Le premier confinement a été une bonne période pour démarcher les labels parce qu’ils avaient le temps d’écouter.
Durant le premier trimestre 2021, Beach Youth et Veik ont effectué une résidence au Cargö. Ces deux résidences, comme celles de Bafang, Hyene ou encore Mickle Muckle plus tôt dans l’année ont donné lieu à une captation vidéo de Kino Caen. Pouvez-vous nous en parler ?
Vincent (Veik) : Oui on a été en résidence trois jours au Cargö. Ces résidences étaient payées, ce qui est quand même assez rare. Le Kino devait faire un petit documentaire sur la résidence et on a joué un morceau live à la fin. C’était un gros tournage de trois jours. Il fallait réfléchir à une mise en scène avec les gens du Kino.
Ce sont eux qui donnaient les idées ou c’est vous qui choisissiez ?
Adrien (Veik) : Il y a eu une petite réflexion en amont mais vite fait.
Boris (Veik) : On ne peut pas dire que sur notre résidence on ait vraiment laissé entièrement le champ libre au Kino. C’est dans notre manière de procéder, on est assez control freak sur certains trucs, mais ça s’est hyper bien passé. On y est allé avec la volonté d’avoir quelque chose qui nous ressemble.
Simon (Beach Youth) : Ça a remplacé une date qu’on devait avoir. Je me doutais que vous aviez eu le contrôle sur le résultat, ça se sent. Pour nous, c’était moins le cas. Ce que j’ai aimé avec les petits documentaires, c’est que ça fait autant la promotion des musiciens que du Cargö et ça permet un peu aux gens de l’extérieur de comprendre ce qu’on fait. Je trouve ça plutôt positif. Les groupes qui ont été choisis sont très variés et à des niveaux de développement différents.
Adrien (Veik) : Avec la pandémie, les résidences ont un peu été les seules activités auxquelles les structures comme le Cargö pouvaient tendre.
Etienne (Beach Youth) : Je trouve aussi que cette initiative avec le Kino, le fait de s’être motivé comme ça pour les groupes, c’est aussi un soutien moral. Parce qu’on s’est senti exister, c’était une période où on n’avait pas grand-chose à faire et tout d’un coup il y a plein de choses concrètes qui se passent en trois jours. Moi moralement ça m’a fait un grand bien.
Vincent (Veik) : Le retour sur une scène, c’est autre chose que d’être dans le local de répétition, tu as des retours.
La perspective d’un retour à la normale et à la reprise des concerts semblent encore assez floues pour le moment. Avez-vous pu effectuer quelques dates depuis le mois de mars 2020 et le premier confinement ? A contrario, beaucoup de dates ont-elles été annulées ou reportées ?
Beach Youth (à Veik) : Pour nous, il y a eu des dates d’annulées et pour vous quelques concerts je crois.
Boris (Veik) : On a eu la chance pour les 10 ans de WeWant2Wecord de faire un concert au Cargö (le 3 octobre 2020). Cette date est tombée à un bon moment, c’était assez inespéré et ça s’est bien passé, il y avait plein de monde. On était trop contents de jouer avec Gomina… C’était complet, il y avait 200 personnes (rires).
Adrien (Veik) : On a aussi eu trois, quatre dates d’annulées sur le début de l’été 2020.
Boris (Veik) : J’avoue que pour cet été je ne cherche pas.
Vincent (Veik) : Là ce qui est compliqué, et c’est pareil pour Beach Youth, on sort des albums et on n’a aucune vision. Mais si on a envie de faire des concerts avec ces albums-là, il faut quand même s’y mettre maintenant pour trouver des dates pour l’automne, sachant que si ça se trouve, tout ce taf là, tu le fais pour rien.
Boris (Veik) : J’ai du mal à concevoir qu’on ne puisse pas faire de concerts à l’automne.
Vous avez peur que vos albums ne puissent pas être défendus sur scène ?
Adrien (Veik) : Si, je pense qu’on va le défendre à un moment ou à un autre de toute façon.
Etienne (Beach Youth) : Nous on a eu des réflexions dernièrement en répèt où on s’est demandé : est-ce qu’on apprend tous les morceaux de l’album pour jouer en live ou est-ce qu’on passe à autre chose ? Et on a décidé de passer à autre chose. Là on est sur la création de nouveaux morceaux.
Boris (Veik) : On a eu la même discussion et il y a quelques semaines et on s’est dit autant refaire un album. On est repartis une semaine s’enfermer pour composer quelques morceaux. Actuellement il y a des morceaux de l’album qu’on ne sait pas jouer sur scène.
L’été dernier, Louis-Antonin, bassiste originel de Beach Youth a quitté le groupe. Il a été remplacé par Félix (ex-Goaties entre autres). Comment s’est passée l’intégration au groupe ?
Félix (Beach Youth) : L’intégration… alors un bon week-end de désintégration (rires). Les Goaties se sont arrêtés et du coup je me suis retrouvé seulement avec Futur Cabane (un autre groupe avec un pote). Mais c’était pas assez, je m’ennuyais, j’étais un peu déprimé et puis ils m’ont appelé en me disant qu’ils avaient besoin d’un bassiste, qu’ils voulaient que je vienne avec eux mais j’ai dit « je sais pas faire de basse moi, je fais de la guitare ». Ils m’ont dit « on s’en fout, c’est pas grave ». Et puis il y a eu le confinement, j’ai acheté une basse et j’ai appris les morceaux et c’est parti. Et puis après, je suis tombé amoureux d’eux, il y a eu quelques histoires (rires) et au final on s’est mis d’accord de rester juste amis (rires)… ça m’a réchauffé le cœur et donné la gniaque, ça m’a rallumé quoi. Ça fait du bien de jouer une musique différente.
Oui parce que l’esthétique de Beach Youth, c’est complètement différent de ce que tu faisais avant…
Félix (Beach Youth) : Rien à voir. Avant j’étais dans le vénère et là c’est plutôt du calme, du planant quoi… Mais ça me plait bien la basse, y a un côté sexuel je trouve dans la basse, ça fait danser, ça fait vibrer… (rires).
Et pour parler des Goaties, y a-t-il des chances de les voir se reformer un jour ?
Félix (Beach Youth) : Ben pas pour l’instant en tout cas, peut-être quand on sera tout vieux pépé, on se dira « Allez, on s’en refait une dernière… » (rires). Non, j’en sais rien, on verra.
Et que pense Veik de cette arrivée de Félix dans Beach Youth ?
(Rires)
Simon (Beach Youth) : J’étais au collège quand j’ai rencontré Etienne. J’avais 14 ans, Etienne en avait 16 et les gars avaient 18 quand on s’est rencontrés. Beach Youth n’a jamais été un groupe avec des membres interchangeables, on a toujours été nous quatre fonctionnant en démocratie, chacun a toujours son mot à dire. Ouais, ça nous a fait un truc que Louis-Antonin décide de partir.
Boris (Veik) : On disait la même chose avec nos groupes quand on avait ton âge… je vous préviens quand même au cas où.
Simon (Beach Youth) : Nous on est très contents de l’arrivée de Félix.
Et donc, la vision de Veik sur cette arrivée ?
Vincent (Veik) : Je ne sais pas, je n’ai pas encore vu de concert comme ça dans votre formule, mais en tout cas je pense que même si c’est triste de voir un groupe de vieux potes comme ça qui a un membre qui part, c’est toujours une bonne expérience aussi de ramener une autre sensibilité dans le groupe. Donc ça ne peut qu’emmener un peu autre part et je trouve ça intéressant.
Boris (Veik) : On a vu des vidéos, franchement ça a l’air d’aller. Le vrai rite de passage, ça va être de faire des soirées avec eux (rires). Je pense qu’on est tous passés par là de voir un membre originel du groupe partir… Vincent avec Makeshift, moi avec Goldwave. Au bout d’un moment, il y a des trajectoires de vie qui font que des personnes ont envie de continuer la musique avec tous les sacrifices ou plutôt toutes les exigences que ça demande, les choix de vie qu’il faut faire et puis il y en a que ça stresse et qui n’ont pas envie de faire ça, qui ont envie de faire autre chose.
Gautier (Beach Youth) : Oui, faire de la musique quand tu arrives à un certain âge, c’est faire un choix dans ta vie, savoir si tu as envie de continuer à faire de la musique ou prendre un chemin un peu plus classique…
Simon (Beach Youth) : Et puis il y a autre chose aussi, c’est que Louis-Antonin aimait de moins en moins monter sur scène alors que nous on aimait de plus en plus. Du coup, il y avait un truc qui ne marchait plus, où lui avait envie de passer du temps en studio, de continuer l’écriture des morceaux. C’est vraiment ça qu’il adore, mais ça devenait pénible pour lui de monter sur scène, même de répéter.
Etienne (Beach Youth) : Antonin est toujours à fond dans la musique, il écrit pas mal. C’est un super musicien et il restera toujours dedans. C’est plus une période de sa vie je pense.
Félix (Beach Youth) : En tout cas il était super cool quand je l’ai vu, j’avais peur que ça le rende triste, et il m’a dit non, au contraire ça me fait plaisir que ce soit toi. Il m’a dit que si j’avais besoin d’aide pour apprendre des morceaux de ne pas hésiter à lui demander.
Comment a été accueilli l’album Postcard par les critiques et le public ?
Simon (Beach Youth) : C’est vraiment cool, il y a des tonnes et des tonnes de chroniques. Ça n’arrête pas, tous les jours. J’essaie de tenir les comptes puis de les partager ensuite, autant les petits blogs que des médias plus établis. Et ça fait plaisir parce que c’est ce qu’on attend depuis août 2019, que cet album soit écouté.
Des critiques de l’étranger aussi ?
Simon (Beach Youth) : Oui, il y en a un peu, pas autant que Veik pour qui c’est full british.
Quelles ont été les critiques de l’album de Veik ?
Boris (Veik) : Notre label en Angleterre a fait un travail de dingue. Et on s’est beaucoup posé la question de faire appel à un attaché de presse, mais ça c’est parce que on en a soupé de nos anciennes expériences. Le label fait un travail de fou parce qu’on a plein de superbes chroniques qui tournent en Angleterre, même en Italie, en Hollande, au Mexique et aux Etats-Unis et ça c’est cool. Et surtout ce qui reste, c’est que ce sont des chroniques d’album. Ce sont des gens qui écoutent ta musique et qui en discutent. Dans un an on va pouvoir revenir dessus, il y a une vraie analyse musicale. En fait, quand on passe un an ou deux ans à bosser sur un disque, ça fait quand même plaisir. Après, en France, on a des médias qui nous suivent depuis le début, il y a Mowno, Gonzai qui font du bon taf et il y a plein de petits blogs aussi. Moi j’ai un peu de mal avec le paysage médiatique en France en ce moment, ça me déprime un peu.
Simon (Beach Youth) : C’est vrai que nous on sent aussi la différence dans la façon d’écrire des chroniques lorsque ce sont les Anglais qui les font ou quand ce sont les Français. Déjà, il y a des vraies critiques dans les articles anglais, ils peuvent dire de choses négatives, où ils émettent un jugement, alors qu’en France (ce n’est pas le cas de tous), ils ont plus de mal à dire des choses négatives.
Boris (Veik) : Aujourd’hui, le problème c’est qu’il n’y a plus de culture journalistique dans les rédactions de certains médias musicaux. En fait si tu as le malheur de mal écrire ta press release pour ton album, tu vas te retrouver avec des articles mal écrits derrière. Et il faut donc faire attention à tout ce qui est mis dans le press release. Nous on l’a bien fait en anglais et on ne l’a pas trop bien fait en français et je revois les petits écarts qu’on a fait dans la press release française. En fait ils recrachent exactement ce qu’on a mis.
Pour finir, quelques mots de Veik à propos de Beach Youth et de Beach Youth à propos de Veik, sur les rapports entre groupes de différentes générations et les lieux qui contribuent à ces rencontres ?
Boris (Veik) : On a écouté l’album de Beach Youth tous les trois cette semaine et on sent une belle évolution dans la manière de composer et d’enregistrer. Il y a un truc qui est plus affirmé. Je sais que vous êtes jeunes, mais à chaque fois j’ai l’impression que vous êtes plus âgés.
Vincent (Veik) : Beach Youth est venu jouer au Rayon Vert il y a deux ans. Ça faisait longtemps que je ne les avais pas vus en concert et j’avais senti une musique qui évolue, allant un peu vers d’autres choses. Toujours cette imagerie un peu ensoleillée, mais avec quand même d’autres couleurs et ça m’avait vraiment fait plaisir de voir ça et de sentir que ça bougeait.
Boris (Veik) : Moi je vous attendais pas mal là-dessus… (rires). Pour vous, je pense qu’il était important de sortir de cette image de pop surf ensoleillée, car cela allait vous suivre durant toute la vie du groupe. Il y a deux ou trois titres sur l’album qui vont chercher ailleurs. Et c’est pareil avec ce que vous avez fait pour le FRAC1, on sent que vous êtes allés rechercher d’autres influences. Je ne sais pas si ça vous a ouvert des pistes de réflexion, mais c’est excitant de voir un groupe comme ça évoluer.
1 Arrêt sur Œuvre, 17/04/2021, FRAC Normandie : www.fracnormandiecaen.fr.
Adrien (Veik) : Je me souviens de Simon qui apprenait à jouer avec Jérémie de Kim Novak qui lui donnait des cours de guitare à l’époque. C’est marrant, j’ai l’impression que ça fait hyper longtemps…
Simon (Beach Youth) : C’était en 2012, 2013….
Boris (Veik) : Il y a une forme de passation. A l’époque où je jouais avec Goldwave, j’ai vécu ça avec Gomina, qui quand j’avais votre âge, nous faisaient jouer, nous invitaient. Il y avait une relation qui était vraiment cool, à la fois musicale mais pas seulement. Avec Beach Youth on n’est pas en train de parler de musique en permanence, on se voit quand on fait des foots ou en soirée. Je me souviens à l’époque on nous demandait « c’est quoi la scène caennaise », et je disais que la scène caennaise c’est juste des potes qui vont boire des coups dans les mêmes endroits, puis de temps en temps, vont voir des concerts aux mêmes endroits aussi. Ce que je trouve cool dans l’évolution de Beach Youth c’est que même en étant hyper jeunes, ils ont aussi été pas mal encadrés et c’est important pour le développement d’un groupe. On est passés par là aussi, on a fait des tremplins, etc. Généralement il y a les groupes qui restent à ce stade-là des tremplins et qui ne sortent pas d’albums ; et il y a les groupes qui se prennent en main. Vous êtes partis aux USA, vous êtes passés à Quotidien… Avec ça on peut vite se cramer les ailes, mais ce que je vois de vous, c’est que vous avez quand même fait la démarche de faire des tournées galère et vraiment de tourner dans les trucs un peu plus DIY. Je pense qu’il y a que ça qui fait que ça devient pérenne : en se disant qu’on ne va pas jouer dans les SMAC tout le temps, mais par contre, on va sortir des disques qui ont de la gueule. Et ça se sent dans l’album.
Simon (Beach Youth) : Moi j’ai envie de raconter trois petites anecdotes sur nos rapports avec les membres de Veik.
Première anecdote : on parlait des cours de guitare que me donnait Jérémie de Kim Novak ; je me souviens avoir demandé d’apprendre un morceau de Goldwave à l’époque et Jérémy était dégoûté parce qu’il n’avait pas du tout envie de m’apprendre ça.
Deuxième anecdote : on avait fait un concert un 6 juin pour la Coupe du Monde 2014 avec WeWant2Wecord et je me souviens de Boris complètement bourré qui nous avait félicité pour le concert même si à l’époque on était vraiment nuls. Il y avait aussi Peter de Gomina. En gros, ils nous avaient encouragés après le concert et ça nous avait fait plaisir. On s’était un peu sentis intégrés avec ce contact avec les « anciens ».
Troisième anecdote : pour aller enregistrer notre album dans la Creuse, on a embarqué tout le matos de Vincent qui a bien voulu nous le prêter. Et le son de l’album dépend beaucoup de son matos à lui, on a utilisé quasiment que sa Jazzmaster. Donc il y a les mêmes guitares et les mêmes effets sur les deux albums.
Boris (Veik) : Sincèrement, je n’ai pas l’impression d’avoir pris Beach Youth sous mes ailes. Je me souviens d’une interview dans le Figaro qui avait fait un papier sur la scène caennaise et j’avais dit que c’était important d’aller voir jouer les jeunes groupes, parce que pour moi ça a été hyper important que des groupes comme Gomina, Kim Novak et même des mecs comme Lewis des Lanskies (que j’allais voir quand j’étais au lycée et que j’adorais) nous soutiennent.
Vincent (Veik) : Quand tu regardes Grand Parc qui présente les deux disques, c’est pareil. J’ai un groupe avec Nico de Grand Parc et du coup, ça a plus été Nico ou Charlie qui m’ont transmis ce lien avec une génération d’avant. De toute façon, si à cet âge-là tu es toujours dans la musique, c’est que tu as envie de découvrir, tu es un peu curieux de ce que font les gens autour de toi. Quand ça te plait, tu rencontres forcément les gens à un moment.
Boris (Veik) : En fait, il faut aller aux concerts. A un moment donné on a vu des petits jeunes arriver. Je me souviens aussi que quand j’étais au lycée, je faisais partie des petits branleurs qui allaient aux concerts. Pour moi cette scène paraissait inaccessible et j’avais envie de les rencontrer. Alors qu’en fait ce sont des mecs qui touchent à peine le SMIC et qui galèrent… en fait il faut juste aller aux concerts, et quand tu y vas, les autres vont voir tes concerts également.
Simon (Beach Youth) : Je me souviens de We Are Pop, quand je devais avoir 13 ans et c’était incroyable de voir tous ces groupes de Caen, ça me paraissait inatteignable, monter sur la scène du Cargö, faire des concerts comme ça. C’étaient des trucs qui faisaient un peu rêver. Et maintenant on est intégrés à cette scène caennaise, notamment grâce à Grand Parc.
Boris (Veik) : Grand Parc a une réflexion sur ce qu’est une scène culturelle, pas que musicale d’ailleurs, et sur ce qui constitue un tissu culturel sur une ville et à quel point c’est fragile. On voit que des lieux qui ont des moyens tels que le Cargö ou Le 106 peuvent contribuer à donner de la visibilité à cette scène-là. Mais en fait, ce qui constitue surtout le tissu, ce sont des lieux comme La Demeurée, le Bazarnaom, la Bibi. Nous, ce qui nous manque vraiment, c’est Le Bocal, un truc qui est un peu en-dessous des radars et qui nous permet de faire des choses. Je me souviens de concerts au Bocal avec Veik qui sont fous. C’est pas seulement donner un concert, c’est aussi donner du liant aux personnes avec qui je vais boire des coups le vendredi soir. Je trouve que tous ces concerts-là sont fédérateurs.
Veik
Music Box
Soundcloud
Facebook
Bandcamp
Sonotheque Normandie
© photo Gregory Forestier
Beach Youth
Music Box
Deezer
Soundcloud
Instagram
Facebook
Twitter
Spotify
Youtube Channel
Bandcamp
© photo Adrien Melchior